Cyrille
regagna son bungalow, perplexe. A quel animal pouvait bien appartenir cette
nageoire ? Elle ne ressemblait pas à celle lisse d’un dauphin, mais
présentait des nervures… Comme celle d’un énorme poisson…
Sa spécialité n’étant pas les cétacés, il
avait de sérieuses lacunes quand à leur anatomie. Peut-être était-ce la fameuse
espèce que Frédéric était venu étudier ici ?
Quoiqu’il en soit, la fatigue se faisant
sentir, le scientifique s’écroula sur son lit et tomba quasi immédiatement dans
un profond sommeil.
Le
lendemain, après le petit déjeuner, les scientifiques prirent chacun possession
du laboratoire qui lui avait été attribué.
Cyrille posa la besace, qui contenait son
ordinateur portable, sur le bureau. Dehors, il faisait déjà chaud, mais ici
régnait une agréable fraîcheur due à la climatisation.
Il brancha le PC sur le câble le reliant
à Internet et eut la satisfaction de voir que, malgré l’isolement de l’île, la
connexion était fluide. Toutefois, elle était un peu lente… Il dût patienter
pour se connecter sur le serveur de son université.
Pendant que la page chargeait, il se
surprit à griffonner sur le coin d’une feuille. Le petit dessin représentait la
queue qu’il avait vue la veille au soir dans le bassin près de son bungalow.
Dès qu’il fut connecté au serveur de la
faculté de sciences, au lieu d’interroger sa messagerie, il alla consulter les
archives concernant l’anatomie des cétacés. Il fit défiler les pages où les
queues des mammifères marins du monde entier étaient répertoriées. Aucune des
photos qu’il regardait ne correspondait à ce qu’il avait vu cette nuit.
Songeur, il ferma le programme et essaya
de se concentrer sur son propre travail. Mais la matinée passa sans que l’image
de cet étrange appendice ne quitte son esprit.
A
l’heure du déjeuner, il fit un crochet par le laboratoire de Frédéric pour lui
montrer le petit croquis qu’il avait fait.
-
Tu
te fous de moi ? répondit le scientifique d’un air agacé.
-
Euh…non.
Pourquoi ?
-
Parce
que ce que tu as dessiné là n’existe pas. Ou du moins pas de la taille que tu
me décris : une queue de poisson qui aurait la taille de celle d’un
dauphin et qui bougerait de haut en bas. Ou alors tu as vu une sirène, ironisa
le jeune homme.
Cyrille était pourtant certain de ce
qu’il avait vu. Mais l’assurance de son confrère le faisait douter :
peut-être avait-il tout imaginé ? Il faisait nuit, il était fatigué…
-
J’ai sans doute rêvé…
-
Ouais,
c’est ça…
-
Euh…
tu viens déjeuner.
Le spécialiste en cétacés hocha la tête
et se leva.
Ensemble, ils retrouvèrent Emma et
Laurent dans le couloir et prirent la direction du réfectoire.
En
fin d’après-midi, dans la petite navette électrique qui ramenait les
scientifiques à leurs bungalows, Cyrille décida d’aller vérifier ce qu’il avait
vu la veille au soir.
Il faisait une chaleur écrasante mais il
ne voulait pas remettre cette petite expédition.
Il se changea rapidement et, mu par une
intuition, attrapa son appareil photo.
Il retrouva sans trop de mal le bassin au
milieu de la végétation, mais il n’entendit aucun bruit semblable à celui qui
l’avait attiré la veille.
Il resta caché pendant plus d’une
demi-heure à attendre que quelque chose se passe, sans résultat, avant de
renoncer. Il avait parcouru une vingtaine de mètres quand il entendit le bruit
d’une grande éclaboussure. Il se retourna et aperçut la même queue de poisson
que la veille. Il n’avait donc pas rêvé !
Il courut se poster au meilleur endroit
pour prendre une photo et attendit que la chose apparaisse à nouveau. Il n’y avait
plus aucun bruit. Déçu, il était sur le point de partir quand il jeta un
dernier coup d’œil à toute la surface du bassin à travers l’objectif de son
appareil photo, zoomant sur les parties les plus éloignés. Il termina par
l’endroit le plus proche de lui et eut la peur de sa vie.
Sur l’écran LCD, était apparu un visage grave.
Une jeune femme aux cheveux verts le regardait.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire