Despina semblait parfaitement comprendre
ce qu’on lui disait. Elle n’avait seulement pas la faculté de s’exprimer à
l’oral.
Ils
échangèrent ainsi pendant quelques instants. Cyrille posait des questions à
laquelle la sirène pouvait répondre par oui ou non. Quand il lui demanda si on
la traitait bien, elle ne répondit pas mais l’expression effrayée qui s’était
peinte sur son visage en disait long.
-
Ils
te font du mal ?
Despina
le regarda, sans réagir. Puis elle sursauta et désigna la forêt derrière le
scientifique : quelqu’un approchait.
-
Je
reviendrai ! Tu me crois, n’est-ce pas ?
La
sirène hocha la tête, avant de rejoindre le bord de l’eau et de plonger.
Cyrille s’éclipsa aussi discrètement que possible vers son bungalow.
Il
ne put trouver le sommeil. Il ressassait ce qu’il avait découvert et tout ce
que cela impliquait. Il ne savait pas quelle attitude adopter : avouer ce
qu’il avait vu au professeur Edeline ? Essayer d’en savoir un peu
plus ?
Au bout de quelques heures, alors
que l’aube pointerait bientôt le bout de son nez, Cyrille décida de retourner
au bord du bassin. Ce n’était sans doute pas la plus sage des décisions mais il
n’en pouvait plus de rester là sans rien faire.
Despina
semblait avoir regagné son abri. Il n’y avait aucun bruit, ni dans la forêt, ni
dans le bassin.
Le
jeune homme entreprit d’en faire le tour. Il ne s’était jamais aventuré
ailleurs qu’à l’endroit où il avait rencontré la sirène. Quand il arriva à peu
près à l’opposé, il buta sur ce qu’il prit d’abord pour une racine. Puis, en baissant les yeux, il s’aperçut que
c’était le coin d’une grande plaque de métal, du même genre que celle qui
recouvrait l’accès aux laboratoires à l’autre bout de l’île.
Que
devait-il faire ? Essayer de l’ouvrir ? Une telle entrée serait
certainement gardée ou au moins protégée par une alarme…
Finalement,
le hasard décida pour lui. La trappe
s’ouvrit et deux gardes portant une lourde caisse en sortirent. Ils
s’éloignèrent à pas lourds, laissant la porte ouverte. Cyrille, le cœur
battant, se jeta dans l’ouverture. Il descendit précipitamment l’escalier en
métal et se cacha derrière. Quelques instants après, les deux gardes revinrent.
Le scientifique regarda les deux paires de rangers descendre les marches.
-
C’est
bon pour ce soir ? demanda l’un d’eux.
-
Oui,
le professeur n’a parlé que d’une
caisse. La prochaine livraison n’aura lieu que dans une semaine.
-
Tant
mieux, je déteste cet endroit, c’est tellement glauque tous ces…. trucs.
Ils
remontèrent et fermèrent la porte derrière eux : Cyrille était seul ici
désormais.
Il sortit de sa cachette pour
découvrir les sous-sols du bassin de Despina. Cela ressemblait assez aux
couloirs qui entourent les aquariums dans les parcs aquatiques.
Il
avançait doucement quand soudain, on frappa un coup du la paroi de verre à côté
de lui.
Il
sursauta et découvrit Despina, qui le regardait. Elle lui fit un petit signe de
la main pour lui faire comprendre qu’il devait la suivre. Il acquiesça et la
sirène partit à toute vitesse. Cyrille devait courir pour rester à sa hauteur.
Bientôt,
elle ralentit. Flottant à sa hauteur, elle porta son index et son majeur à ses
yeux : regarde. Puis elle désigna un endroit derrière Cyrille :
là-bas.
Le
jeune homme ne voyait rien, la pièce était dans la pénombre. Puis ses yeux
s’habituèrent. De nombreuses fenêtres s’ouvraient sur des bassins sans doute
identiques à celui de la sirène. Une ombre gigantesque passa devant l’une
d’entre elle sans que Cyrille ne puisse l’identifier.
Il
trouva l’interrupteur et alluma la lumière. Elle jaillit, crue et aveuglante.
Et le scientifique comprit : il était dans le laboratoire des
Monstres !
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